- Le 17e siècle faste pour les COTTO
Les familles sont
déjà bien implantées et concluent des mariages avec des membres de
la
même fratrie (
Levesque , Josset ). ce qui est un moyen de renforcer la cohésion
entre familles de même statut social.
Guillaume Cotto
se marie avec Janne Levesque à Plélan-le-Grand vers 1610.
En 1612 naît un fils, prénommé
Jullien, comme son parrain qui doit être aussi son oncle selon la
coutume.
Marchand sans doute,
on le retrouve installé à Paimpont à partir de 1621.
Guillaume et Janne
auront au moins 5 enfants: Jullien, Janne, Guillaume,
Guillemette, Pierre.
La
première chose qui frappe à la lecture des plus anciens registres
de Plélan, c’est la présence dès les
années 1610-1620 de
deux signatures distinguées, celles de Guillaume
COTHO et celle de Julien
COTTO. Ces deux là, apparaissent souvent ensemble.Ils sont donc très probablement frères, ils ont manifestement
l’habitude de tenir la plume.
Quelle profession exercent-ils ?
Les
registres sont muets à ce sujet, mais tout donne à penser que leur
métier est très voisin de celui que pratiqueront leurs enfants
après eux . Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne se situent pas en
bas de l’échelle sociale ; un signe parmi d’autres : lors de la
naissance de Jullien, fils de Guillaume (avec l’oncle Jullien comme
parrain), le recteur rédige l’acte de baptême le 21 septembre
1618 non pas d’une écriture ordinaire mais en beaux caractères
gothiques, traitement réservé habituellement aux vrais nobles et
aux notables ; c’est la reconnaissance d’un rang au-dessus du
commun, sauf à considérer qu’il s’agit, plus prosaïquement, de
la simple contrepartie d’une gratification importante versée à
l’occasion du baptême, ce qui confirmerait en tout état de cause
leur statut de gens aisés.
Les
plus anciennes signatures trouvées sont celles de Guillaume en 1612
à la naissance de sa fille Janne et celle de Jullien son frère.
Guillaume
est peut-être marchand, comme son fils qui se marie avec Janne
Salmon.
En
1630, la foret de Brécelien appartenait en totalité au duc Charles
de la Trémouille,
pair de France, baron de Vitré. De
1629 à 1642 le duc de la Trémoille, très endetté par sa vie de
cours, vend sa forêt en lots, en 1653 la totalité de la foret est
vendue à 25 gentils- hommes pour une somme totale de 197.260 livres
( Fonds de
Montfort Arch.d'Ille-et-Vilaine,
E134) avant d'émigré ruiné,en Allemagne en 1693. .
La
vente de la forêt a nécessité un « arpentage » pour
circonscrire les lots et leur valeur, on peut penser que les Cotto,
arpenteurs ont été requis pour cette tâche, ce qui explique aussi
leur présence à Paimpont, qui est de moindre importance que Plélan mais qui connaîtra un développement
important avec la création des Forges.
![]() |
signature de Julien COTHO suivie du sigle de la profession |
![]() |
signature de Charles COTTO suivie de son sigle, Abbé |
Les
deux communes de Plélan et Paimpont sont séparées par l’étang
des Forges et les canaux et la rivière de l'Aff, cette situation
proche des courants d'eau favorise la présence d'activités diverses
dont les moulins à blé et les moulins à drap, la construction des
forges ne va sans aucun doute perturber les activités anciennes
installées.
L'histoire
des forges de Paimpont, bien que lacunaire , fait mention de conflits
d'usage avec les riverains
Un
des nombreux étangs de la commune de Plélan : l'étang de
Trécouet , du nom d'un des villages de Plélan , où ont habité mes
ancêtres.
Le
village du Trecouët à Plélan-le-Grand où se fixe le couple
Guillaume Cotto et Janne Salmon.
En
lisière de Plélan-le-Grand dans la direction de Saint- Péran, au
fond d'une vallée sauvage se niche l'étang de Trecouët qui
alimente le Serein.
Ce
site se trouve à l’arrière de Franquemont, maison seigneuriale ,
connue sous le nom de « manoir de Trecouët » qui passe
pour avoir été une des résidences du Roi Salomon , roi de
Bretagne (9ème siècle)
L’étang
est fermé par une digue où se trouve les vestiges d'un moulin en
bordure,exploité par un minotier du nom de Texier. Il se peut qu'il
ait été utilisé par les tisserands, pour fouler les toiles7.
L'eau
est très présente au Trecouët, un étang aux abords marécageux,
souvent couvert de brume.
La
forêt de Paimpont en limite du village crée un environnement
mystérieux et dangereux, propice aux légendes et aventures pour
les enfants.
Trecouët ferme près de la rivière
Trecouët ferme près de la rivière
C'est
mon
ancêtre le plus ancien identifiable avec certitude. Il vivra sous la
régence de Marie de Médicis et sous Louis XIII et la régence
d'Anne d'Autriche.
Il se marie dans les
années 1654 avec Janne SALMON. Ils auront 11 enfants.
3 filles et 8
garçons.
Les 3 filles
grandissent et se marient :
L’aînée Jane se
marie à 17 ans avec Joseph Duault, Thérèse avec Pierre Catherine
et Anne avec Pierre Crambert.
Trois fils se
marient: Julien à 26 ans avec Anne Tournelier, Raoul à 27
ans avec Janne Breillu
Mathurin le dernier
se marie à 21 ans avec Louise Jalu.
Des destins
tragiques , pour Pierre qui meurt à 11ans, et Ollivier à 6 ans
dont on apprend qu'il est enterré avec un autre enfant de son âge
Jean de la Noë. La noyade est possible car les familles habitent
près de l'étang du Trecouët.
Jan meurt à 3 ans,
un suivant Jean à 5 jours, un Joseph à 3mois une épidémie comme
souvent.
Mathurin qui est le
dernier né, ne connaîtra pas son père qui meurt à son tour en
1675 à l'âge de 55ans environ.
La mort de Guillaume, le père, apparaît brutale et inattendue alors qu'une nouvelle naissance
s'annonce.
Pourquoi, cet homme qui paraît vigoureux et estimé de son entourage meurt-il le 30 septembre 1675 ?
Cette famille au
destin quelque peu malheureux présente des atouts.
Guillaume est marchand «de sa vocation» autrement dit doté des qualités et du talent de sa profession.Cette expression qui apparaît officiellement dans les actes civils renvoyait à une catégorie particulière de tisserands, celui qui achetaient le lin et le chanvre pour vendre leur production, alors que les autres travaillaient « à façon ». et fabriquait la matière première (le laboureur- tisserand)
Guillaume est marchand «de sa vocation» autrement dit doté des qualités et du talent de sa profession.Cette expression qui apparaît officiellement dans les actes civils renvoyait à une catégorie particulière de tisserands, celui qui achetaient le lin et le chanvre pour vendre leur production, alors que les autres travaillaient « à façon ». et fabriquait la matière première (le laboureur- tisserand)
Il épouse Janne
Salmon, de bonne famille, fille d'un trésorier de Maxent, elle a
reçu une certaine instruction puisque l'on trouve sa signature dans
un acte de baptême, fait suffisamment rarissime à cette époque
pour être signalé.
Guillaume et Janne
se sont choisis hors du cercle local étroit du village
d'appartenance.
La paroisse de
Maxent située à quelques kilomètres de Plélan-le-Grand n'est jamais
mentionnée auparavant dans les actes de la cohorte Cotto.
Guillaume rencontre
Janne au cours de ses transactions à Maxent, où exerce le père de
Janne en tant que trésorier. Ils tombent amoureux, se marient et
viennent s'installer à Plélan-le-Grand, d'abord à la Jossetaye et
très vite au Trécouët.
Leur premier enfant
est une fille appelée Jeanne comme sa mère , elle naît le 14 avril
1655.
Les efforts du
couple sont concentrés sur leur établissement, Guillaume se déplace
beaucoup pour développer son activité commerciale.
Les enfants naissent
à un rythme soutenu , presque tous les 2 ans de 1676 à 1667,.
En 1670 meurent
Pierre (11ans) Jan (3ans) Jean (5jours) , épidémie ? très
certainement, mais peut-être aussi la noyade pour les plus grands.
La disparition des
trois garçons est vécue très douloureusement par Guillaume et
Janne.
Leur douleur
personnelle auxquels s'ajoutent les difficultés économiques vont
conduire le couple à la révolte.
La révolte du
Papier Timbré a débutée le 3 avril 1675 en Bretagne et le 18 avril à Rennes.
En 1675 Guillaume
qui a de nombreux contacts dans les communes environnantes et à
Rennes est très tôt averti des demandes légitimes des Rennais, il
va s'investir à son tour localement, soutenu par son épouse.
Guillaume , marchand
en vue informé parmi les premiers et directement concerné,
participe à l’organisation des milices locales.Janne
soutient activement son époux.
Il se rend à Rennes pour défendre les droits de sa profession et de
sa communauté.
Le
bureau du papier timbré est mis à sac le 19 juillet à Rennes une dernière fois, ce qui entraîne des morts et des blessés.
Guillaume
reçoit une mauvaise blessure mais parvient à rentrer à
Plélan-le-Grand, où il va mourir le 30 septembre 1675, Janne mettra
au monde leur dernier fils Mathurin 8 mois après son décès.
Il
sera enterré en haut de l'église de Plélan-le-grand, ce qui signe
son appartenance aux notables locaux, et.... la reconnaissance de ses
pairs.
Cet
épisode est imaginé mais pas impossible.
Janne,
une femme forte, représentative du statut de la femme bretonne.
Famille
reconnue, Janne bénéficie d’épithètes tels que honnête,
honorable, dame etc ...qui soulignent la position sociale.
Janne aura ses 3
derniers enfants très tardivement entre 43 et 49 ans, ce qui
explique sans doute leur faible résistance aux épidémies.
Malgré ses
grossesses répétées, on la retrouve à 61ans au mariage de son
fils Raoul en bonne forme elle va vivre de nombreuses années après
la mort de son époux.
On peut imaginer que
cette femme avait un fort caractère et savait conduire ses affaires
familiales, notamment pour défendre ses acquis et établir ses
enfants. Elle participe à la promotion de son époux en répondant
aux sollicitations de son environnement,marraine
d'enfants de plusieurs famille de Plélan , y compris quand ils sont illégitimes.
d'enfants de plusieurs famille de Plélan , y compris quand ils sont illégitimes.
En 1688, Raoul, le
second des fils , semble avoir eu un grand mariage si on en juge par
le nombre des présents appartenant aux familles alliées.
En revanche le
mariage du dernier fils Mathurin en 1697 est très discret, il fait suite à la mort du père.
Ce sont des enfants
chéris par leur mère qui n'a pu garder que trois fils Julien,
Raoul et Mathurin et ses trois filles Janne, Anne et Thérèse.
Elle veille à leur
éducation et à leur instruction, comme plus tard à celle de ses
petits enfants, la plupart sont restés à Plélan-le-Grand. Raoul
au Trécouët tandis que Julien part au hameau du Parissel et Anne
s'installe au Trégu avec son époux.
Ses filles sont
mariées jeunes avant 20 ans, tandis que les garçons dont la
majorité nuptiale est fixée à 30 ans, se marient plus tard, après
25 ans, une fois établis en tant que laboureur, excepté Mathurin
qui se marie à 21 ans , peu avant la mort de sa mère en 1697.
Aucun des deux premiers ne
reprendra le métier de marchand. Ils seront laboureurs,
Mathurin qui
semble avoir hérité de l'entregent de ses parents, très jeune, à
17 ans il est témoin de mariage et parrain.
Il sera quelques
temps laboureur, mais dès 1702, il devient marchand.
Il vit dans la maison de sa mère et s'y installe avec sa
femme. Comme il est de coutume, le dernier fils héritait des
possessions des parents afin de leur assurer leur vieillesse.
Janne ne connaîtra
pas Joseph, fils de Mathurin qui naît en février 1698 et qui
décédera en 1701 mais il sera remplacé en 1702 par un nouveau
petit Joseph.
En 1702 Mathurin devient tixier
« de sa profession » ( c'est-à-dire tisserand) et
ensuite marchand.
→ Le statut de Plélan et de ses bourgs:
Les
seigneurs tenaient justice au Gué (Plélan) et y entretenaient une
prison, en revanche le bourg de Paimpont devient le lieu de
l'investissement « industriel ». La commune de développe
autour des forges , sous l'impulsion de Jacques de Farcy de Paisnel
et François d'Andigné de la Chasse , qui obtiennent en 1653 le
droit d'y bâtir des forges , en dérogation aux Édits Royaux qui
interdisaient de nouvelles forges, au risque de déboisement massif
lié au fonctionnement intensif du haut fourneau.
L’existence
et le développement des Forges , entraînèrent de nombreux
contentieux entre les propriétaires des forges et les paysans qui
bénéficiaient de droits d'usage depuis 1467
- « Toutes personnes qui veulent avoir leurs bestes en la dicte forest doitvent les escrire deux fois l'an aux officiers de la forest, vendeur ou couterelle et s'en lievent les deniers a tïeux termes de l'an » (Brecilien).
- « Tout homme qui doibt prandre genetes et joncs en la forets le peult fire en se inscripvant aux diets officiers a chacun des trois paiements de ventes de bois »
- « Les usagers de Loheac, se ilz sont trouvés explectant о quartier de Haulte Forest, ne aultres endroits que leurs diets ussaiges et s'ils ne soient es escripts de la forest, peuvent estre pris a renezon, ainsi que les aultres non escriptz »
→ Tixier ou Tessier est la personne qui fabrique les tissues de laine, de lin, de chanvre
- Les forges de Paimpont
En
1653, Les forges sont vendues à Jacques de Farcy et à François
d'Andigné après leur acquisition d'un fief de Brécilien. Le site
industriel comprend un haut-founeau et une affinerie de minerai en
contrebas de la digue de l'étang fournissant l'énergie hydraulique
nécessaire à la fabrication d'ustensiles agricoles et domestiques
en fonte et en fer (tôles, marmites, poêles, clous, plaques de
cheminées...). Le charbon de bois est obtenu dans la forêt proche
auprès des nombreux charbonniers travaillant pour les forges.
Grâce au
développement de certains progrès techniques la production
augmente. Elle est alors de 500 tonnes de fonte et 360 tonnes de fer.
Cette prospérité est due aux commandes pour la guerre
d'indépendance des États-Unis d'Amérique.
Le
site, outre la constructions de laminoirs à tôle s'enrichit de la
construction du logis du Maître de forges et des habitations
ouvrières. En 1796, près de 230 personnes y travaillent :
jusqu'à 100 ouvriers sur place (métallurgistes, charretiers et
ouvriers) et jusqu'à 130 en forêt ( bûcherons et charbonniers,
mineurs, gardes forestiers).
L'affinerie
des forges de Paimpont servira de modèle pour illustration dans
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
- Quand nous marions-nous? demande Julien à Anne
Pas un dimanche c'est le jour du seigneur, ni vendredi, jour du jeûne , répond Anne
Nous nous marierons donc un jeudi du mois de novembre, quand toutes les récoles seront terminées décide Julien
Julien
et Anne se marie le jeudi 24 novembre 1682 à Plélan-le-Grand
C'est
un beau et grand mariage qui réunit toutes les familles et les
voisins.
Tous
ont suivis les futurs épousés jusqu'à l'église où les accueille
le curé , il a revêtu une belle aube blanche et couvert ses épaules
d'une étole de la même couleur, il est accompagné de son clerc.
Il
prend la parole sur le parvis de l'église :
« Bonnes gens , nous sommes ici rassemblés pour parfaire le mariage de Julien Cotto et d'Anne Tournelier
Nous avons proclamé en notre sainte église trois bans par trois jour différents. Que s'il y a aucun ou aucune qui sache empêchement par quoi l'un ne puisse avoir l'autre en loi de mariage,le dise sous peine d'excommuniement Le prêtre fait une pause en parcourant l'assistance du regard.
« Puisqu'il n'y a aucun empêchement, nous prierons tous et supplierons la bonté et majesté de Dieu qu'il Lui plaise de ratifier et avoir pour agréable le saint propos par Lui donné à ces deux futurs époux. »
« Puisqu'il n'y a aucun empêchement, nous prierons tous et supplierons la bonté et majesté de Dieu qu'il Lui plaise de ratifier et avoir pour agréable le saint propos par Lui donné à ces deux futurs époux. »
Tous
sont alors priés de rentrer dans l'église
Le prêtre se tourne alors vers le marié et lui demande :
« Quel est ton nom ? »
« On me connaît sous le nom de Julien Cotto. »
Et de même à la mariée qui répond :
« On me connaît sous le nom d'Anne Tournelier»
Le prêtre enchaîne.
« Anne acceptes-tu de prendre librement pour époux Julien?
« Oui. »
«Julien veux-tu vraiment Anne pour épouse ? »
« Oui. »
Alors le prêtre tend les mains vers les époux et leur prend la main droite. Il place la main de Julien dans la main de Anne en disant :
«Anne je te remet Julien comme époux pour que tu le gardes, sain ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? »
« Oui je l'accepte. »
Puis inversant le geste et plaçant la main d'Anne dans celle de Julien, le prêtre dit :
«Julien je te remet Anne comme épouse pour que tu la gardes, saine ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? » :
« Oui je l'accepte. »
À ce moment le prêtre entoure les mains droites jointes des époux de l'extrémité de son étole en prononçant la formule suivante :
« Puisque vous avez donné pareil consentement à votre union, donnez-vous l'un à l'autre la foi que vous devez à Dieu et à la sainte Église. Gardez-vous mutuellement dans la parfaite fidélité et l'aide mutuelle, selon la règle et le dévouement du mariage. »
Le prêtre retire son étole et les mains se séparent. Il fait signe au clerc qui l'assiste d'apporter l'anneau et il le bénit.
« Créateur et conservateur du genre humain, Toi qui donne la grâce spirituelle et qui fais largesse de la vie éternelle, daigne envoyer ta bénédiction céleste sur cet anneau , œuvre d'un artisan, ta créature ; afin qu'en le portant, l'épouse soit munie de la protection céleste, qu'elle fuie les tentations du démon, qu'elle garde fidélité à son mari, qu'elle instruise ses enfants dans la piété, qu'elle trouve grâce auprès de tous et que par une conduite bonne sainte elle parvienne au salut éternel. »
Après la bénédiction, Anne et Julien s'échange les anneaux,
Le prêtre se tourne alors vers le marié et lui demande :
« Quel est ton nom ? »
« On me connaît sous le nom de Julien Cotto. »
Et de même à la mariée qui répond :
« On me connaît sous le nom d'Anne Tournelier»
Le prêtre enchaîne.
« Anne acceptes-tu de prendre librement pour époux Julien?
« Oui. »
«Julien veux-tu vraiment Anne pour épouse ? »
« Oui. »
Alors le prêtre tend les mains vers les époux et leur prend la main droite. Il place la main de Julien dans la main de Anne en disant :
«Anne je te remet Julien comme époux pour que tu le gardes, sain ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? »
« Oui je l'accepte. »
Puis inversant le geste et plaçant la main d'Anne dans celle de Julien, le prêtre dit :
«Julien je te remet Anne comme épouse pour que tu la gardes, saine ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? » :
« Oui je l'accepte. »
À ce moment le prêtre entoure les mains droites jointes des époux de l'extrémité de son étole en prononçant la formule suivante :
« Puisque vous avez donné pareil consentement à votre union, donnez-vous l'un à l'autre la foi que vous devez à Dieu et à la sainte Église. Gardez-vous mutuellement dans la parfaite fidélité et l'aide mutuelle, selon la règle et le dévouement du mariage. »
Le prêtre retire son étole et les mains se séparent. Il fait signe au clerc qui l'assiste d'apporter l'anneau et il le bénit.
« Créateur et conservateur du genre humain, Toi qui donne la grâce spirituelle et qui fais largesse de la vie éternelle, daigne envoyer ta bénédiction céleste sur cet anneau , œuvre d'un artisan, ta créature ; afin qu'en le portant, l'épouse soit munie de la protection céleste, qu'elle fuie les tentations du démon, qu'elle garde fidélité à son mari, qu'elle instruise ses enfants dans la piété, qu'elle trouve grâce auprès de tous et que par une conduite bonne sainte elle parvienne au salut éternel. »
Après la bénédiction, Anne et Julien s'échange les anneaux,
Les
mariés et tout le cortège sortent de l'église, Anne se sauve en
pleurant , Julien lui courre après avec toute la famille et les
joueurs de cornemuse et force sa femme à entrer dans la maison
conjugale. Ainsi le veut la coutume du rapt en
Bretagne.
Un
grand repas réunit famille et amis, on mange, on boit et on danse
longtemps, jusqu'à la tombée de la nuit.
Les
mariés sont alors accompagnés jusqu'au seuil de la chambre qui leur
est réservée pour leur nuit de noces.
Le
lendemain, les amis viennent s'assurer que tout s'est bien passé, et
pour prolonger un peu la fête.
Voilà
comment a pu se passer le mariage de Julien et Anne à cette époque
- Petit Pierre va à l'école
Un beau matin de l'hiver 1751
Petit Pierre a six ans, il va faire la connaissance de son ''régent'' (nom donné à
l'instituteur) à Plélan.
La
journée d'école commence à 8h par une courte prière, que les
enfants devront connaître par cœur. Ensuite, le régent présente
aux enfants les cartons où sont écrites les lettres de l'alphabet,
qu'ils répètent ensemble et ensuite les uns après les autres.
Son
apprentissage de l'alphabet va continuer pendant un mois, le mois
suivant Petit Pierre apprendra les syllabes, pour cela
Petit Pierre reçoit un Syllabaire qui sera étudié pendant
un mois le troisième mois Petit Pierre ira dans le groupe
des Lecteurs il devra savoir lire des mots dans des livres de
prières et des commandements de Dieu.
Un
silence complet règne dans la classe, les élèves ne s'expriment
que lorsqu’ils sont interrogés, le régent parle à voix basse et
utilise un petit instrument de bois (le signal) qu'il frappe
sur sa table une fois pour commencer la lecture, il frappe 2 fois si
l'élève s 'est trompé, il frappera jusqu'à ce que l'écolier
ait bien dit le mot.
- Du soin que le maître doit avoir de faire garder un très grand silence dans l'école
"Le
silence est un des principaux moyens d’établir et de maintenir
l’ordre dans les écoles : c'est pourquoi, chacun des maîtres fera
observer exactement le silence dans sa classe, ne souffrant pas
qu’aucun parle sans permission.
Pour
cet effet, le maître fera concevoir aux écoliers qu’ils doivent
garder le silence, non parce qu’il est présent, mais parce que
Dieu les voit et que c’est sa sainte volonté."
On
aura égard que les écoliers soient placés de telles manière que
les maîtres les toujours avoir en vue. Le maître veillera
particulièrement sur soi-même pouer ne parler que très rarement et
fort bas, si ce n'est qu'il soit nécessaire que tous les écoliers
entendent ce qu'il aura à dire.
La
classe se termine à 11h30 après une prière, elle reprendra
l'après-midi pendant 2h30 et se terminera par une petite messe, qui
est l'occasion de dire les prières apprises.
L'école
se prolonge au printemps, mais les absences sont fréquentes car les
travaux des champs reviennent et les enfants doivent assurer divers
travaux, dont le gardiennage des vaches. En été ce sont les
moissons qui mobilisent toute la famille.
Petit
Pierre retournera à l'école
à l'automne de l'année suivante et si il sait bien lire il pourra
apprendre à écrire à 7 ans, qui est l'âge
de raison.
Mais
seuls quelques écoliers étaient admis au rang supérieur des
''écrivains ''
et des ''chiffreurs ''
(apprentissage
de l'arithmétique) car l’Église considérait que l'écriture, la
grammaire et l'arithmétique étaient inutiles au salut du chrétien,
seuls ceux qui sont vocation à s'élever socialement peuvent en
bénéficier, autrement dit les fils de notables, de bourgeois et de
gros laboureurs. Les filles n'en parlons pas !!
Le
curé inspectait la classe tous les 15 jours, les absences étaient
relevées et la morale très surveillée. Les jeux entre filles et
garçons étaient strictement interdits. Les « mauvais
livres » qui
étaient imprimés en Hollande, et qui circulaient sous le manteau
étaient très surveillés.
A
la fin de sa scolarité, arrivé à 14 ans à l'âge de sa Communion,
Petit
Pierre connaissait
par cœur toutes ses prières, pour adorer Dieu du lever au coucher
du soleil. Il savait sanctifier un repas en récitant le bénédicité
et les grâces, dire son chapelet pendant la messe....bref il
maîtrisait toute la liturgie de base en lisant dans son missel.
Cet
apprentissage terminé, Petit
Pierre est un jeune
adulte.
Mais
le contrôle social et religieux ne se relâche pas, au contraire.
Les
jeunes gens et jeunes filles étaient étroitement surveillés, par
le père , le curé, la famille : le jeune adulte, qu'il soit
garçon ou fille, devait rester chaste jusqu'à sa majorité
nuptiale.
Cette
prescription avait un but de contraception, afin de limiter les
naissances, bien sûr il y avait des entorses,mais elles étaient
relativement rares,pour la grande majorité,les mariages des
garçons sont tardifs.
La "promesse
de mariage"
était un engagement ferme à épouser celle avec laquelle on avait
eu des libertés amoureuses avant le mariage.Le mariage avait lieu
dans les plus bref délais, avant la naissance de l'enfant. En cas de
non respect de cet engagement annoncé par le curé,un procès était
engagé par le jeune fille.
Les
charges familiales devaient être limitées, les fils célibataires
travaillaient pour le père, les filles étaient placées dans des
familles plus aisées dès 10/12ans.Un mariage pouvait être une
nouvelle charge.
Petit
Pierre a
respecté les prescriptions sociales. Il a 37 ans quand il épouse
Jeanne qui à 30 ans et ils n'auront que 4 enfants.