dimanche 28 avril 2019

Les Depras de Monistrol-sur-Loire : Maréchal-ferrant de père en fils ...au siècle de Louis XIV


La famille Depras sous le règne de Louis XIV à Monistrol-sur-Loire 
 
La guerre d'Espagne fait rage de 1635 à 1659, elle n'épargne pas le territoire languedocien, qui est sur la passage des armées du Roi.
En 1683, commencent les dragonnades qui visent à éradiquer la foi protestante et éliminer les protestants qui résistent.
En 1690 la France est en guerre avec l'Angleterre , les Français combattent en Irlande au côté de Jacques II.
La peste et les fièvres contagieuses se succèdent au rythme des passages des armées .
En 1644 la neige tombe en grande quantité au mois de Mai et dévaste les récoltes à venir. Disette et famine aggravent la vie quotidienne des habitants.
En 1646 , un tremblement de terre secoue la ville du Puy .
Jacques Moret et Jean Chanut sont consuls de Monestrol . Un membre de la famille Jerphanion est Syndic du Diocèse du Puy.
Louis Depras est « Maitre Mareschal de Monistrol-sur-Loire »
On est maréchal -ferrant de père en fils , par transmission du savoir-faire et de la renommée, il a sans un aucun doute hérité de son père, Jacques et peut-être d'Anthoine ? Son installation à Monistrol-sur-Loire coïncide avec son mariage avec Benoite Neyron, vers 1693, et semble correspondre à une promotion sociale .
En effet les familles Neyron font partie des plus anciennes familles installées dans la commune, elles jouissent de la notoriété et d'un statut social enviable si on en croit la biographie familiale rédigée par Gérard Thermeau.
Ce sont de puissants propriétaires terriens, possédant une terre « allodiale » autrement dit libre de toute servitude, les Neyron ont fait souche dès le 15ème siècle à Monistrol-sur-Loire l'une des branches dite de Champeau pratique l'étirage de l'acier sous forme de clouterie et de coutellerie, c'est probablement avec les membres de cette lignée que se lieront les Depras, qui sont dans des activités proches
Benoîte Neyron, née vers 1673, épouse Louis Depras, à Monistrol-sur-Loire. Elle a 18 ans ,il a le double (36 ans), il veuf mais il n'a pas eu d'enfant de sa première femme Catherine Cornillon, ensemble ils auront au moins 5 enfants.
Alors que Louis meurt en 1721 à l'âge de 63 ans, Benoîte est bien vivante, présente à tous les mariages de ses enfants, elle est morte assez âgée ( 72 ans selon mes calculs, 90 ans selon son acte d'inhumation, si c'est le bon).
Louis s’éteint un an avant l'arrivée de Louis XV sur le trône de France. Il aura connu des périodes très perturbées, qui ne semblent pas avoir affectées son activité professionnelle.
LOUIS Depras 1658-1721 mariage vers 1690-91
BENOITE Neyron 1675-1745
Enfants

Jean Vital 1694 Denis Anne 1700 Jean 1704


Jean et Denis sont aussi maréchals, ils travaillent avec leur père.
Jean l’aîné épouse Marie Racle, Jean le second épouse une fille de maréchal : « honnete » Fleurie Masson.
Denis, aussi maréchal , épouse Isabeau Martin mais ils décèdent un an après leur mariage, il a 31 ans, sa femme est morte un mois avant lui. Epidémie ? Fort possible.
Il y a deux Jean Depras, maréchal-ferrant à Monistrol-sur-Loire


JEAN Depras mariage en 1711 il a 20 ans environ
MARIE Racle
Enfants

Marie 1712Claude 1715Anne 1717Benoîte 1719Marguerite 1721Claude Louis 1728


Claude-Louis le plus jeune est mort accidentellement à 9 ou 19 mois, près d'un four en fusion, sur le lieu de travail de son père.
La lignée Depras, maréchal- ferrant est bien installée à Monistrol-sur-Loire mais seul Claude dit Louis, qui apparaît avec les deux prénoms dans certains actes de naissance de ses enfants assure la succession. Marie est native de Saint-Ferréol d'Auroure.
CLAUDE-LOUIS Depras mariage en 1755
MARIE Pichon
Enfants

Antoinette
1761
Marie-Anne 1763 Anne-Marie
1765
Jean-Pierre
1767
Jacques
1769



 
L'activité de maréchal-ferrant se continue avec le second fils, Jacques qui reprend le métier , tandis que Jean-Pierre est passementier

La bifurcation professionnelle de la lignée Depras

La rupture de l’aîné des fils Depras avec le métier de maréchal-ferrant n'est pas sans poser des questions, puisque en principe l'aîné hérite de la charge.

Mais les temps ont changé, la fabrication du ruban qui s'était interrompu entre 1690 et 1701 repart et en 1760, sous la Régence la production de la rubanerie s'intensifie dans tout le Velay, et plus particulièrement à Saint-Didier-la -Séauve qui est réputé depuis le 16ème siècle pour la qualité de ses fabrications au fil de soie.

Il y a donc des opportunités à saisir, en sortant d'un artisanat limité. C'est probablement ce qui incite Claude-Louis à orienter son fils aîné vers la passementerie, activité plus porteuse et il laisse au plus jeune, la continuité de l'activité de maréchal-ferrant.
La trajectoire des deux frères est très différente : Jacques va exceller dans son métier de maréchal : il est explicitement nommé « expert » dans tous les actes de naissance de ses enfants , tandis que Jean-Pierre se destine à la passementerie.

Le textile et la métallurgie sont les deux secteurs d'activité à Monistrol-sur-Loire, mais c'est Saint-Didier-la-Séauve qui est le pôle de référence de la passementerie et de la rubanerie, Jean-Pierre s'y installe et c'est là qu'il va trouver son épouse, fille d'un passementier.



Les dragonnades sont les persécutions dirigées sous Louis XIV contre les communautés protestantes de toutes les régions de France pour l'exercice de leur culte. Les dragons employés pour obtenir par la force ces conversions étaient, à l'origine, des compagnies régulières qui servaient, en temps ordinaire, à percevoir l'impôt, et spécialement celui de contribuables redevables d'arriérés qui devaient loger à leurs frais les soldats jusqu'au paiement effectif.

MARECHAL FERRANT (Art méchan): est un ouvrier dont le métier est de ferrer les chevaux, & de les panser quand ils sont malades ou blessés. Voyez FERRER. Les instrumens du maréchal sont les flammes, la lancette, le bistouri, la feuille de sauge, les ciseaux, les renettes, la petite gouge, l'aiguille, les couteaux & les boutons de feu, le brûle-queue, le fer à compas, l'esse de feu, la marque, la corne de chamois, le boétier, la corne de vache, le cuiller de fer, la seringue, le pas d'âne, le leve-sole, la spatule ; &c. Voyez tous ces instrumens aux lettres & aux figures qui leur conviennent. Les jurés & gardes de la communauté des maréchaux se choisissent entre les anciens & les nouveaux. Deux d'entr'eux sont renouvellés chaque année, & pris parmi ceux qui ont été deux ans auparavant maîtres de la confrairie de S. éloi patron de la communauté, & encore auparavant bâtonniers de la même confrairie. Chaque maître ne peut avoir qu'un apprentif outre ses enfans : l'apprentissage est de trois ans. Tout maréchal a son poinçon dont il marque son ouvrage, & dont l'empreinte reste sur une table de plomb déposée au châtelet. Avant d'être reçus maîtres, les apprentifs font chef-d'oeuvre, & ne peuvent tenir boutique avant l'âge de 24 ans ; permis néanmoins aux enfans de maîtres, dont les peres & meres seront morts, de la lever à dix-huit ans. Aucun maître, de lettres, ne peut entrer en jurande, qu'il n'ait tenu boutique douze ans. Il n'appartient qu'aux seuls maréchaux de priser & estimer les chevaux & bêtes chevalines, & de les faire vendre & acheter, même de prendre ce qui leur sera volontairement donné pour leurs peines par les vendeurs & acheteurs, sans pouvoir y être troublés par aucuns soi-disans courtiers ou autres. 
Source : Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

  Le Velay: est en plein développement économique, et Saint-Didier-la-Séauve connaît une prospérité particulière« de 1800à 1806 battent 500 métiers et l'on estime à 21000 le nombre de personnes employées au tissage du ruban et aux industries annexes du Velay et du Forez. Ces chiffres et ces dates permettent d'apprécier à la fois l'ancienneté,la rapidité du développement et la prospérité de la rubanerie dans les cantons vellaves voisins de Saint-Étienne... »

Au 16ème siècle Guillaume II ( vers 1520-1592) vicomte de Joyeuse, Seigneur de Saint-Didier, représentant d'Henri III à Venise en rapporte la technique du tissage du ruban et installe des métiers dans sa baronnie.

La corporation du tissage du ruban est érigée en 1585, les statuts affilient à la maîtrise de Lyon la communauté des passementiers,rubaniers,tissotiers du Lyonnais, Forez, Velay et Beaujolais. Lyon veut contrôler ainsi le développement des ouvriers vellaves jugés trop indépendants et trop prospères.
Au 18ème siècle, les passementiers du Velay allaient chercher la soie à Saint-Chamond ou à Saint-Étienne. La ferme générale ( recette des Impôts) prélevait des droits sur la circulation des produits finis .Le ruban une fois tissé , devait être livré aux négociants de la ville ; ceux-ci acquittaient des droits et les retenaient sur le salaires des tisseurs.

Le passementier détenait le savoir-faire et la maîtrise de la production mais le commercialisation revenait au fabricant qui assurait la finition du produit ( lissage, gaufrage, broderie....) et qui en retirait les bénéfices.

A cette répartition des rôles, s'ajoute une partition géographique , l'activité rubanière s’étend sur l'arrondissement de Saint-Étienne (Loire) qui est la ville centre où se concentrent les fabricants et l' arrondissements d' Yssingeaux (Haute-Loire) où se trouvent les ouvriers répartis dans les communes rurales.




Le Passementier: tisse des galons, franges, rubans en fil, parfois gainés d’or ou d’argent,  destinés à la décoration de la maison ou des vêtements. Il utilise une douzaine de métiers (à ratières ou cames) ainsi que d’autres techniques comme le retordage et les finitions à l’aiguille.
3 années d'apprentissage, le maître ne peut pas avoir plus de 2 apprentis ;
La charge de maître entraîne des frais de représentation ( cadeaux, repas) et une redevance pour subvenir aux besoins de la confrérie .

Le Fabricant: La production s’organise dans le cadre du capitalisme commercial et du travail dispersé en ateliers familiaux : les « fabricants », chefs d’entreprises, sont les maîtres d’œuvre qui conçoivent et commercialisent les rubans ; les « passementiers », travailleurs à domicile, sont de simples exécutants qui mettent à la disposition des précédents leur matériel et leur savoir-faire. Ces « patrons » et ces « ouvriers » appartiennent à des univers que tout semble opposer : fortune, mode de vie, loisirs, lieu de résidence...
Cependant, l’ambiguïté de leur statut respectif rend perméable la barrière sociale censée les séparer ; dans leur immense majorité, les fabricants sont à la tête de petites entreprises, tant en termes de capitaux que de salariés directs ; quant aux passementiers, propriétaires de leurs métiers à tisser et souvent de leur atelier, quelquefois employeurs d’un ou deux compagnons, ils sont plus proches du monde de l’artisanat que de celui de la grande industrie. C’est sans doute la raison pour laquelle les uns et les autres partagent un certain nombre de valeurs qui font de ces hommes si différents de par leur condition des membres d’une seule et même communauté productive, la fabrique, terme qui englobe significativement tous les professionnels du ruban.

Au-delà du milieu textile, ces valeurs ont imprégné les mentalités et l’économie stéphanoise : par sa longévité, par le nombre d’hommes et de femmes qu’elle a fait travailler, l’industrie rubanière a marqué en profondeur la ville et ses habitants, et ce jusqu’à aujourd’hui.

Brigitte Reynaud- l'industrie rubanière dans la région stéphanoise (1895-1975)







1 commentaire:

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