jeudi 29 novembre 2018

L'histoire des ANTONINs

  • Avant 1600, quelques traces...des Depras catholiques


29 juin 1319 un Jean Depras est mentionné dans un acte officiel « quittance de 6 livres donnée par Jean Depras au sieur Joubert, régisseur de l'évâque du Puy pour ses gages et peines d'avoir fait nettoyer et abealer le pré » archives Départementales de la Haute Loire.

22 août 1555, Messire Claude Depras, chanoine et syndic du chapitre de Saint-Marcellin de Monistrol-sur-Loire, reçoit trois habitants pour organiser le REYNAGE de Monseigneur Saint- Marcelin




explication du Reynage



1624, le 28 janvier naissance de Béatrice Depras à Saint-Maurice-de-Lignon

suivront Anthoine et Jacques, ont-ils les mêmes parents ?

Un Antoine Depras est mort en 1721 à l’âge de ...95ans ! Il est né en 1626

Quelques Depras ont vécu à Saint-Maurice-de-Lignon jusqu'en 1730 mais à partir de cette date on ne trouve plus de mariage, ni de naissance à Saint-Maurice-de-Lignon.

C'est à Sainte-Sigolène et à Monistrol-sur-Loire que les lignées Depras sont identifiables avec une relative fiabilité .



  • Anthoine Depras né à Saint-Maurice -de -Lignon, épouse Marguerite Cornillon, et se fixe à Sainte-Sigolène où il sera enterré en 1692.

Ils auront 4 enfants au moins

Claudine épouse en 1681 Anthoine Charreiron d'Aurec-sur-Loire, veuve, elle épouse Jacques Roubin, laboureur à Saint-Didier-la-Séauve

Catherine épouse en premières noces Claude Delage, et en seconde noces Barthélémy Cornillon, de Saint-Maurice de Lignon en 1690

Jean épouse Isabeau Cornillon à Sainte-Sigolène en 1692

Marguerite épouse Jean Gueyton, laboureur à Monistol en 1705

On retrouve le couple Depras -Cornillon à Aurec sur Loire domicilié au lieu-dit d'Ouillas.

  • Jacques Depras (peut-être le frère d'Anthoine) épouse Françoise Malescourt


Ils auront 4 enfants

Jean naissance vers 1655

Marie, épouse en premières noces François Limousin de Sainte-Sigolène en 1710 et en secondes noces Jean Neyron de Monistrol-sur-Loire en 1726

Antoine épouse Claudine (ou Clauda ) Delage

Louis, épouse en premières noces Catherine Cornillon, en secondes noces Benoîte Neyron , toutes deux sont de Monistrol-sur-Loire

Les mariages et remariages fréquents à cette époque ( mortalité élevée) se font entre familles qui se connaissent, mais qui, pour autant, ne se fixent pas dans les mêmes paroisses. Une relative mobilité est observable avec une attraction relativement importante de Monistrol-sur-Loire, est-ce lié aux métiers qui se développent ? À l'émergence d'une forme d'industrie liée aux métaux et à la passementerie dans une paroisse qui joue un rôle moteur ?

Antoine et Antonin des prénoms qui se retrouvent dans toutes les générations Depras.

Le dernier en date à porter ce prénom: Antonin, né le 14 octobre 2007.


  • Les Antonins, célébrés à Monistol-sur-Loire


Monistol-sur-Loire est une ville assez importante dès l'An 900. Elle se voit confiée les ossements de Saint Marcellin, deuxième évêque des Vellaves.
La paroisse devient " Saint Marcellin de Monistrol ".

Aux 10e-11e siècles, à l'ouest de l'agglomération, organisée autour de l'église, apparaît un premier château. Une tour plutôt, sur les rochers qui dominent le confluent des ravins.

La commanderie des Antonins se serait installée à Monistol dès le 12ème siècle et aurait eu à combattre de nombreuses épidémies meurtrières.

Soumis à la règle de Saint-Augustin, vêtus de noir, sur l'épaule un « T » bleu, ils vivaient grâce aux dons des pèlerins, aux droits de leur domaines et grâce à leur troupeaux de cochons qui vaguaient librement dans la ville, où ils servaient en quelque sorte d'éboueurs se nourrissant des immondices.


Les Antonins combattaient les grandes épidémies telles que la peste et leur souvenir est probablement lié à leurs activités soignantes et bienfaisantes.

Le nom des Antonins est resté gravé dans la mémoire de la ville

Leur maison principale fut détruite par un incendie en 1909, ils détenaient des biens au faubourg de l'Arbret où sont principalement localisés des Depras.

Maison des ANTONINs
Maison des ANTONINs


Maison  Depras habitée jusqu'au XXème siécle

Les ANTONINs sont un ordre religieux et hospitalier qui s'est développé en Europe

Symbole des ANTONINs























Béates





Les Béates ont été crée au XVIIème siècle par des religieuses pour éduquer les jeunes filles dans la  région du Velay. La célébration des 
 Béates reste vivace à Monistrol-sur-Loire




 
La dernière Béate s'appelait sœur Catherine. Elle est photographié, avec des enfants réfugiés du nord de la France durant la guère de 1914-1918.



 

samedi 17 novembre 2018

La famille Cotto sous Louis XIV, la révolte du papier timbré et le reportage de Madame de Sévigné

  • La famille Cotto prise au dépourvu par la mort de Guillaume, le père

Guillaume est marchand « de sa vocation » autrement dit doté des qualités et du talent de sa profession.
Cette expression qui apparaît officiellement dans les actes civils renvoyait à une catégorie particulière de tisserands, celui qui achetaient le lin et le chanvre pour vendre leur production, alors que les autres travaillaient « à façon ». et fabriquait la matière première (le laboureur- tisserand)

Il épouse Janne Salmon, de bonne famille, fille d'un trésorier de Maxent, elle a reçu une certaine instruction puisque l'on trouve sa signature dans un acte de baptême, fait suffisamment rarissime à cette époque pour être signalé1.

Guillaume et Janne se sont choisis hors du cercle local étroit du village d'appartenance.

La paroisse de Maxent à quelques kilomètres de Plélan-le-Grand n'est jamais mentionnée auparavant dans les actes de la cohorte Cotto.

Guillaume rencontre Janne au cours de ses transactions à Maxent, où exerce le père de Janne en tant que trésorier. Ils tombent amoureux, se marient et viennent s'installer à Plélan-le-Grand, d'abord à la Jossetaye et très vite au Trécouët.

Leur premier enfant est une fille appelée Jeanne comme sa mère , elle naît le 14 avril 1655.

Les efforts du couple sont concentrés sur leur établissement, Guillaume se déplace beaucoup pour développer son activité commerciale.

Les enfants naissent à un rythme soutenu , presque tous les 2 ans de 1676 à 1667,.

En 1670 meurent Pierre (11ans) Jan (3ans) Jean (5jours) , épidémie ? très certainement, mais peut-être aussi la noyade pour les plus grands.


La disparition des trois garçons est vécue très douloureusement par Guillaume et Janne.

Leur douleur personnelle auxquels s'ajoutent les difficultés économiques vont conduire le couple à partager la révolte du papier timbré.
La révolte du Papier Timbré a débutée le 3 avril 1675 en Bretagne , le 18 avril à Rennes.

En 1675 Guillaume qui a de nombreux contacts dans les communes environnantes et à Rennes est très tôt averti des demandes légitimes des Rennais, il va s'investir à son tour localement, soutenu par son épouse.

Guillaume , marchand en vue est informé parmi les premiers et directement concerné , il participe à l’organisation des milices locales ; Janne soutient activement son époux. Il se rend à Rennes pour défendre les droits de sa profession et de sa communauté.

Le bureau du papier timbré est mis à sac le 19 juillet à Rennes, une dernière fois, ce qui entraîne des morts et des blessés.

Guillaume reçoit une mauvaise blessure mais parvient à renter à Plélan-le-Grand, où il va mourir le 30 septembre 1675, Janne mettra au monde leur dernier fils Mathurin 8 mois après son décès.

Il sera enterré en haut de l'église de Plélan-le-grand, ce qui signe son appartenance aux notables


  • La situation sociale en France sous Louis XIV

Pour financer la guerre, de nouveaux impôts sont levés.

D’abord la ferme du papier timbré, une taxe sur le papier timbré, en avril 1674, papier rendu obligatoire pour tous les actes susceptibles d’être utilisés en justice (dont les testaments, contrats de vente et accessoirement, les registres d’état civil),ce qui augmente le prix des actes pour les particuliers, tout en risquant de diminuer le nombre d’affaires pour les professionnels, d’où un mécontentement général. 

Le 27 septembre 1674, la vente de tabac est réservée au roi, qui prélève une taxe et en afferme la vente. C'est la ferme du tabac. Les personnes autorisées à revendre le tabac (fermiers et commis) rachètent les stocks aux commerçants qui en vendaient auparavant. La réorganisation des circuits de vente entraîne une interruption temporaire de la distribution de tabac à fumer et à chiquer d’où une autre source de mécontentement. 

À la même période, une nouvelle taxe frappe tous les objets en étain (même achetés longtemps avant), ce qui mécontente les paysans aisés, ainsi que les cabaretiers qui répercutent la taxe d'où une forte hausse sur les prix des consommations.


Le 18 avril 1675, à Rennes, la foule met à sac les bureaux du fisc. Elle défile dans les rues au cri de : «Vive le Roi… sans gabelle et sans édits !»


  • Le reportage de Madame de Sévignié sur les bonnets rouges
En 1675, des soulèvements éclatent à plusieurs reprises, à Rennes, à Guingamp contre l'établissement de taxes nouvelles, notamment l'obligation du papier timbré pour divers actes. En Basse-Bretagne, c'est une vraie jacquerie dirigée non seulement contre les agents du fisc, mais aussi contre les seigneurs, par les Bonnets Rouges et les Bonnets Bleus. La répression est sévère et cruelle.

La situation est rapportée par Madame de Sévigné au jour, le jour :
 « 24 septembre 1675. - Nos pauvres Bas-Bretons, à ce que je viens d'apprendre s'attroupent quarante, cinquante dans les champs ; et dès qu'ils voient les soldats, ils se jettent à genoux et disent mea-culpa : c'est le seul mot de français qu'ils sachent... on ne laisse pas de pendre ces pauvres Bas-Bretons; ils demandent à boire, du tabac et qu'on les dépêche...
 16 octobre1675. - M. de Chaulnes est à Rennes avec... 4.000 hommes ; on croit qu'il y aura bien de la penderie. M. de Chaulnes y a été reçu comme le Roi; mais comme c'était la crainte qui a fait changer leur langage, M. de Chaulnes n'oublie point toutes les injures qu'on lui a dites, dont la plus douce et la plus familière était gros cochon sans compter les pierres dans sa maison et dans son jardin et des menaces... c'est cela qu'on va punir.
 20 octobre1675. - Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville ; ces messieurs sont allés à Vannes. Les mutins de Rennes se sont sauvés, il y a longtemps ; ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon pourvu que les 4.000 hommes de guerre qui sont à Rennes ne m'empêchent point de me promener dans mes bois qui sont d'une hauteur et d'une beauté merveilleuses.
 27 octobre1675. - Cette province a grand tort, mais elle est rudement punie... on a pris à l'aventure 25 ou 30 hommes que l'on va pendre.
 30 octobre1675. - Voulez-vous savoir des nouvelles de Rennes ? Il y a toujours 5.000 hommes, car il en est venu encore de Nantes. On a fait une taxe de cent mille écus sur le bourgeois ; et si on ne les trouve pas dans les 24 heures, elle sera doublée et exigible par les soldats. On a chassé et banni toute une grande rue, et défendu de les recueillir sous peine de la vie, de sorte qu'on voyait tous ces misérables... errer en pleurs au sortir de la ville, sans savoir où aller, sans avoir de nourriture, ni de quoi se coucher. On roua avant-hier un violon qui avait commencé la danse et la pillerie du papier timbré ; il a été écartelé après sa mort et ses quatre quartiers exposés aux quatre coins de la ville... On a pris 60 bourgeois, on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernants, de ne leur point dire d'injures et de ne point jeter des pierres dans leur jardin...
 13 novembre 1675. - On roua hier tout vif à Rennes un homme qui confesse avoir eu le dessein de le tuer [le duc de Chaulnes] ; c'est le dixième qui a eu ce dessein ; pour celui-ci, il méritait bien la mort.
 24 novembre 1675. - Vous me parlez bien plaisamment de nos misères ; nous ne sommes plus si roués : un en huit jours seulement pour entretenir la justice. Il est vrai que la penderie me paraît maintenant un rafraîchissement : j'ai une tout autre idée de la justice depuis que je suis dans ce pays ; vos galériens me paraissent une société d'honnêtes gens qui se sont retirés du monde pour mener une vie douce. Nous vous en avons bien envoyé par centaines ; ceux qui sont demeurés sont plus malheureux que ceux-là.
 11 décembre 1675. - Venons aux malheurs de cette province : tout y est plein de gens de guerre... et il s'en écarte qui vont chez les paysans, les volent, les dépouillent.
 20 décembre 1675. - Il y a dix à douze mille hommes de guerre qui vivent comme s'ils étaient encore au-delà du Rhin.
 5 janvier 1676. - Pour nos soldats, ils s'amusent à voler ; ils mirent l'autre jour un petit enfant à la broche... »