jeudi 29 novembre 2018

L'histoire des ANTONINs

  • Avant 1600, quelques traces...des Depras catholiques


29 juin 1319 un Jean Depras est mentionné dans un acte officiel « quittance de 6 livres donnée par Jean Depras au sieur Joubert, régisseur de l'évâque du Puy pour ses gages et peines d'avoir fait nettoyer et abealer le pré » archives Départementales de la Haute Loire.

22 août 1555, Messire Claude Depras, chanoine et syndic du chapitre de Saint-Marcellin de Monistrol-sur-Loire, reçoit trois habitants pour organiser le REYNAGE de Monseigneur Saint- Marcelin




explication du Reynage



1624, le 28 janvier naissance de Béatrice Depras à Saint-Maurice-de-Lignon

suivront Anthoine et Jacques, ont-ils les mêmes parents ?

Un Antoine Depras est mort en 1721 à l’âge de ...95ans ! Il est né en 1626

Quelques Depras ont vécu à Saint-Maurice-de-Lignon jusqu'en 1730 mais à partir de cette date on ne trouve plus de mariage, ni de naissance à Saint-Maurice-de-Lignon.

C'est à Sainte-Sigolène et à Monistrol-sur-Loire que les lignées Depras sont identifiables avec une relative fiabilité .



  • Anthoine Depras né à Saint-Maurice -de -Lignon, épouse Marguerite Cornillon, et se fixe à Sainte-Sigolène où il sera enterré en 1692.

Ils auront 4 enfants au moins

Claudine épouse en 1681 Anthoine Charreiron d'Aurec-sur-Loire, veuve, elle épouse Jacques Roubin, laboureur à Saint-Didier-la-Séauve

Catherine épouse en premières noces Claude Delage, et en seconde noces Barthélémy Cornillon, de Saint-Maurice de Lignon en 1690

Jean épouse Isabeau Cornillon à Sainte-Sigolène en 1692

Marguerite épouse Jean Gueyton, laboureur à Monistol en 1705

On retrouve le couple Depras -Cornillon à Aurec sur Loire domicilié au lieu-dit d'Ouillas.

  • Jacques Depras (peut-être le frère d'Anthoine) épouse Françoise Malescourt


Ils auront 4 enfants

Jean naissance vers 1655

Marie, épouse en premières noces François Limousin de Sainte-Sigolène en 1710 et en secondes noces Jean Neyron de Monistrol-sur-Loire en 1726

Antoine épouse Claudine (ou Clauda ) Delage

Louis, épouse en premières noces Catherine Cornillon, en secondes noces Benoîte Neyron , toutes deux sont de Monistrol-sur-Loire

Les mariages et remariages fréquents à cette époque ( mortalité élevée) se font entre familles qui se connaissent, mais qui, pour autant, ne se fixent pas dans les mêmes paroisses. Une relative mobilité est observable avec une attraction relativement importante de Monistrol-sur-Loire, est-ce lié aux métiers qui se développent ? À l'émergence d'une forme d'industrie liée aux métaux et à la passementerie dans une paroisse qui joue un rôle moteur ?

Antoine et Antonin des prénoms qui se retrouvent dans toutes les générations Depras.

Le dernier en date à porter ce prénom: Antonin, né le 14 octobre 2007.


  • Les Antonins, célébrés à Monistol-sur-Loire


Monistol-sur-Loire est une ville assez importante dès l'An 900. Elle se voit confiée les ossements de Saint Marcellin, deuxième évêque des Vellaves.
La paroisse devient " Saint Marcellin de Monistrol ".

Aux 10e-11e siècles, à l'ouest de l'agglomération, organisée autour de l'église, apparaît un premier château. Une tour plutôt, sur les rochers qui dominent le confluent des ravins.

La commanderie des Antonins se serait installée à Monistol dès le 12ème siècle et aurait eu à combattre de nombreuses épidémies meurtrières.

Soumis à la règle de Saint-Augustin, vêtus de noir, sur l'épaule un « T » bleu, ils vivaient grâce aux dons des pèlerins, aux droits de leur domaines et grâce à leur troupeaux de cochons qui vaguaient librement dans la ville, où ils servaient en quelque sorte d'éboueurs se nourrissant des immondices.


Les Antonins combattaient les grandes épidémies telles que la peste et leur souvenir est probablement lié à leurs activités soignantes et bienfaisantes.

Le nom des Antonins est resté gravé dans la mémoire de la ville

Leur maison principale fut détruite par un incendie en 1909, ils détenaient des biens au faubourg de l'Arbret où sont principalement localisés des Depras.

Maison des ANTONINs
Maison des ANTONINs


Maison  Depras habitée jusqu'au XXème siécle

Les ANTONINs sont un ordre religieux et hospitalier qui s'est développé en Europe

Symbole des ANTONINs























Béates





Les Béates ont été crée au XVIIème siècle par des religieuses pour éduquer les jeunes filles dans la  région du Velay. La célébration des 
 Béates reste vivace à Monistrol-sur-Loire




 
La dernière Béate s'appelait sœur Catherine. Elle est photographié, avec des enfants réfugiés du nord de la France durant la guère de 1914-1918.



 

samedi 17 novembre 2018

La famille Cotto sous Louis XIV, la révolte du papier timbré et le reportage de Madame de Sévigné

  • La famille Cotto prise au dépourvu par la mort de Guillaume, le père

Guillaume est marchand « de sa vocation » autrement dit doté des qualités et du talent de sa profession.
Cette expression qui apparaît officiellement dans les actes civils renvoyait à une catégorie particulière de tisserands, celui qui achetaient le lin et le chanvre pour vendre leur production, alors que les autres travaillaient « à façon ». et fabriquait la matière première (le laboureur- tisserand)

Il épouse Janne Salmon, de bonne famille, fille d'un trésorier de Maxent, elle a reçu une certaine instruction puisque l'on trouve sa signature dans un acte de baptême, fait suffisamment rarissime à cette époque pour être signalé1.

Guillaume et Janne se sont choisis hors du cercle local étroit du village d'appartenance.

La paroisse de Maxent à quelques kilomètres de Plélan-le-Grand n'est jamais mentionnée auparavant dans les actes de la cohorte Cotto.

Guillaume rencontre Janne au cours de ses transactions à Maxent, où exerce le père de Janne en tant que trésorier. Ils tombent amoureux, se marient et viennent s'installer à Plélan-le-Grand, d'abord à la Jossetaye et très vite au Trécouët.

Leur premier enfant est une fille appelée Jeanne comme sa mère , elle naît le 14 avril 1655.

Les efforts du couple sont concentrés sur leur établissement, Guillaume se déplace beaucoup pour développer son activité commerciale.

Les enfants naissent à un rythme soutenu , presque tous les 2 ans de 1676 à 1667,.

En 1670 meurent Pierre (11ans) Jan (3ans) Jean (5jours) , épidémie ? très certainement, mais peut-être aussi la noyade pour les plus grands.


La disparition des trois garçons est vécue très douloureusement par Guillaume et Janne.

Leur douleur personnelle auxquels s'ajoutent les difficultés économiques vont conduire le couple à partager la révolte du papier timbré.
La révolte du Papier Timbré a débutée le 3 avril 1675 en Bretagne , le 18 avril à Rennes.

En 1675 Guillaume qui a de nombreux contacts dans les communes environnantes et à Rennes est très tôt averti des demandes légitimes des Rennais, il va s'investir à son tour localement, soutenu par son épouse.

Guillaume , marchand en vue est informé parmi les premiers et directement concerné , il participe à l’organisation des milices locales ; Janne soutient activement son époux. Il se rend à Rennes pour défendre les droits de sa profession et de sa communauté.

Le bureau du papier timbré est mis à sac le 19 juillet à Rennes, une dernière fois, ce qui entraîne des morts et des blessés.

Guillaume reçoit une mauvaise blessure mais parvient à renter à Plélan-le-Grand, où il va mourir le 30 septembre 1675, Janne mettra au monde leur dernier fils Mathurin 8 mois après son décès.

Il sera enterré en haut de l'église de Plélan-le-grand, ce qui signe son appartenance aux notables


  • La situation sociale en France sous Louis XIV

Pour financer la guerre, de nouveaux impôts sont levés.

D’abord la ferme du papier timbré, une taxe sur le papier timbré, en avril 1674, papier rendu obligatoire pour tous les actes susceptibles d’être utilisés en justice (dont les testaments, contrats de vente et accessoirement, les registres d’état civil),ce qui augmente le prix des actes pour les particuliers, tout en risquant de diminuer le nombre d’affaires pour les professionnels, d’où un mécontentement général. 

Le 27 septembre 1674, la vente de tabac est réservée au roi, qui prélève une taxe et en afferme la vente. C'est la ferme du tabac. Les personnes autorisées à revendre le tabac (fermiers et commis) rachètent les stocks aux commerçants qui en vendaient auparavant. La réorganisation des circuits de vente entraîne une interruption temporaire de la distribution de tabac à fumer et à chiquer d’où une autre source de mécontentement. 

À la même période, une nouvelle taxe frappe tous les objets en étain (même achetés longtemps avant), ce qui mécontente les paysans aisés, ainsi que les cabaretiers qui répercutent la taxe d'où une forte hausse sur les prix des consommations.


Le 18 avril 1675, à Rennes, la foule met à sac les bureaux du fisc. Elle défile dans les rues au cri de : «Vive le Roi… sans gabelle et sans édits !»


  • Le reportage de Madame de Sévignié sur les bonnets rouges
En 1675, des soulèvements éclatent à plusieurs reprises, à Rennes, à Guingamp contre l'établissement de taxes nouvelles, notamment l'obligation du papier timbré pour divers actes. En Basse-Bretagne, c'est une vraie jacquerie dirigée non seulement contre les agents du fisc, mais aussi contre les seigneurs, par les Bonnets Rouges et les Bonnets Bleus. La répression est sévère et cruelle.

La situation est rapportée par Madame de Sévigné au jour, le jour :
 « 24 septembre 1675. - Nos pauvres Bas-Bretons, à ce que je viens d'apprendre s'attroupent quarante, cinquante dans les champs ; et dès qu'ils voient les soldats, ils se jettent à genoux et disent mea-culpa : c'est le seul mot de français qu'ils sachent... on ne laisse pas de pendre ces pauvres Bas-Bretons; ils demandent à boire, du tabac et qu'on les dépêche...
 16 octobre1675. - M. de Chaulnes est à Rennes avec... 4.000 hommes ; on croit qu'il y aura bien de la penderie. M. de Chaulnes y a été reçu comme le Roi; mais comme c'était la crainte qui a fait changer leur langage, M. de Chaulnes n'oublie point toutes les injures qu'on lui a dites, dont la plus douce et la plus familière était gros cochon sans compter les pierres dans sa maison et dans son jardin et des menaces... c'est cela qu'on va punir.
 20 octobre1675. - Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville ; ces messieurs sont allés à Vannes. Les mutins de Rennes se sont sauvés, il y a longtemps ; ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon pourvu que les 4.000 hommes de guerre qui sont à Rennes ne m'empêchent point de me promener dans mes bois qui sont d'une hauteur et d'une beauté merveilleuses.
 27 octobre1675. - Cette province a grand tort, mais elle est rudement punie... on a pris à l'aventure 25 ou 30 hommes que l'on va pendre.
 30 octobre1675. - Voulez-vous savoir des nouvelles de Rennes ? Il y a toujours 5.000 hommes, car il en est venu encore de Nantes. On a fait une taxe de cent mille écus sur le bourgeois ; et si on ne les trouve pas dans les 24 heures, elle sera doublée et exigible par les soldats. On a chassé et banni toute une grande rue, et défendu de les recueillir sous peine de la vie, de sorte qu'on voyait tous ces misérables... errer en pleurs au sortir de la ville, sans savoir où aller, sans avoir de nourriture, ni de quoi se coucher. On roua avant-hier un violon qui avait commencé la danse et la pillerie du papier timbré ; il a été écartelé après sa mort et ses quatre quartiers exposés aux quatre coins de la ville... On a pris 60 bourgeois, on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernants, de ne leur point dire d'injures et de ne point jeter des pierres dans leur jardin...
 13 novembre 1675. - On roua hier tout vif à Rennes un homme qui confesse avoir eu le dessein de le tuer [le duc de Chaulnes] ; c'est le dixième qui a eu ce dessein ; pour celui-ci, il méritait bien la mort.
 24 novembre 1675. - Vous me parlez bien plaisamment de nos misères ; nous ne sommes plus si roués : un en huit jours seulement pour entretenir la justice. Il est vrai que la penderie me paraît maintenant un rafraîchissement : j'ai une tout autre idée de la justice depuis que je suis dans ce pays ; vos galériens me paraissent une société d'honnêtes gens qui se sont retirés du monde pour mener une vie douce. Nous vous en avons bien envoyé par centaines ; ceux qui sont demeurés sont plus malheureux que ceux-là.
 11 décembre 1675. - Venons aux malheurs de cette province : tout y est plein de gens de guerre... et il s'en écarte qui vont chez les paysans, les volent, les dépouillent.
 20 décembre 1675. - Il y a dix à douze mille hommes de guerre qui vivent comme s'ils étaient encore au-delà du Rhin.
 5 janvier 1676. - Pour nos soldats, ils s'amusent à voler ; ils mirent l'autre jour un petit enfant à la broche... »










samedi 27 octobre 2018

Anecdotes sur les personnages et sur les lieux de la famille COTTO

  • Le 17e siècle faste pour les COTTO
Les premiers connus Guillaume et Jullien vers 1608, sous le règne de Henri IV
Les familles sont déjà bien implantées et concluent des mariages avec des membres de la
même fratrie ( Levesque , Josset ). ce qui est un moyen de renforcer la cohésion entre familles de même statut social. 
Guillaume Cotto se marie avec Janne Levesque à Plélan-le-Grand vers 1610.
En 1612 naît un fils, prénommé Jullien, comme son parrain qui doit être aussi son oncle selon la coutume.

Marchand sans doute, on le retrouve installé à Paimpont à partir de 1621. 
Guillaume et Janne auront au moins 5 enfants: Jullien, Janne, Guillaume, Guillemette, Pierre.
La première chose qui frappe à la lecture des plus anciens registres de Plélan, c’est la présence dès les années 1610-1620 de deux signatures distinguées, celles de Guillaume COTHO et celle de Julien COTTO. Ces deux là, apparaissent souvent ensemble.Ils sont donc très probablement frères, ils ont manifestement l’habitude de tenir la plume. 
Quelle profession exercent-ils ? 
Les registres sont muets à ce sujet, mais tout donne à penser que leur métier est très voisin de celui que pratiqueront leurs enfants après eux . Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne se situent pas en bas de l’échelle sociale ; un signe parmi d’autres : lors de la naissance de Jullien, fils de Guillaume (avec l’oncle Jullien comme parrain), le recteur rédige l’acte de baptême le 21 septembre 1618 non pas d’une écriture ordinaire mais en beaux caractères gothiques, traitement réservé habituellement aux vrais nobles et aux notables ; c’est la reconnaissance d’un rang au-dessus du commun, sauf à considérer qu’il s’agit, plus prosaïquement, de la simple contrepartie d’une gratification importante versée à l’occasion du baptême, ce qui confirmerait en tout état de cause leur statut de gens aisés.
Les plus anciennes signatures trouvées sont celles de Guillaume en 1612 à la naissance de sa fille Janne et celle de Jullien son frère.

A partir de 1655, on voit souvent cités dans les registres un Jan COTHO et un Jullien COTHO et Guillaume COTTO qui sont régulièrement qualifiés de « maistres » et qui sont de la lignée des Guillaume et/ou Julien du début du siècle (plutôt de Guillaume). Eux aussi ont une signature très élégante, révélatrice d’un bon niveau d’instruction et d’un entraînement au maniement de la plume.
Guillaume est peut-être marchand, comme son fils qui se marie avec Janne Salmon.
En 1630, la foret de Brécelien appartenait en totalité au duc Charles de la Trémouille, pair de France, baron de Vitré. De 1629 à 1642 le duc de la Trémoille, très endetté par sa vie de cours, vend sa forêt en lots, en 1653 la totalité de la foret est vendue à 25 gentils- hommes pour une somme totale de 197.260 livres ( Fonds de Montfort Arch.d'Ille-et-Vilaine, E134) avant d'émigré ruiné,en Allemagne en 1693. .
La vente de la forêt a nécessité un « arpentage » pour circonscrire les lots et leur valeur, on peut penser que les Cotto, arpenteurs ont été requis pour cette tâche, ce qui explique aussi leur présence à Paimpont, qui est de moindre importance que Plélan mais qui connaîtra un développement important avec la création des Forges.

signature de Julien COTHO suivie du sigle de la profession
signature de Charles COTTO suivie de son sigle, Abbé


Les deux communes de Plélan et Paimpont sont séparées par l’étang des Forges et les canaux et la rivière de l'Aff, cette situation proche des courants d'eau favorise la présence d'activités diverses dont les moulins à blé et les moulins à drap, la construction des forges ne va sans aucun doute perturber les activités anciennes installées.
L'histoire des forges de Paimpont, bien que lacunaire , fait mention de conflits d'usage avec les riverains 
Un des nombreux étangs de la commune de Plélan : l'étang de Trécouet , du nom d'un des villages de Plélan , où ont habité mes ancêtres.


Le village du Trecouët à Plélan-le-Grand où se fixe le couple Guillaume Cotto et Janne Salmon.
En lisière de Plélan-le-Grand dans la direction de Saint- Péran, au fond d'une vallée sauvage se niche l'étang de Trecouët qui alimente le Serein.
Ce site se trouve à l’arrière de Franquemont, maison seigneuriale , connue sous le nom de « manoir de Trecouët » qui passe pour avoir été une des résidences du Roi Salomon , roi de Bretagne (9ème siècle)
L’étang est fermé par une digue où se trouve les vestiges d'un moulin en bordure,exploité par un minotier du nom de Texier. Il se peut qu'il ait été utilisé par les tisserands, pour fouler les toiles7.
L'eau est très présente au Trecouët, un étang aux abords marécageux, souvent couvert de brume.
La forêt de Paimpont en limite du village crée un environnement mystérieux et dangereux, propice aux légendes et aventures pour les enfants.
                                     Trecouët ferme près de la rivière

Guillaume COTTO de Trecouët 
C'est mon ancêtre le plus ancien identifiable avec certitude. Il vivra sous la régence de Marie de Médicis et sous Louis XIII et la régence d'Anne d'Autriche.
Il se marie dans les années 1654 avec Janne SALMON. Ils auront 11 enfants.
3 filles et 8 garçons.
Les 3 filles grandissent et se marient :
L’aînée Jane se marie à 17 ans avec Joseph Duault, Thérèse avec Pierre Catherine et Anne avec Pierre Crambert.
Trois fils se marient: Julien à 26 ans avec Anne Tournelier, Raoul à 27 ans avec Janne Breillu
Mathurin le dernier se marie à 21 ans avec Louise Jalu.
Des destins tragiques , pour Pierre qui meurt à 11ans, et Ollivier à 6 ans dont on apprend qu'il est enterré avec un autre enfant de son âge Jean de la Noë. La noyade est possible car les familles habitent près de l'étang du Trecouët.
Jan meurt à 3 ans, un suivant Jean à 5 jours, un Joseph à 3mois une épidémie comme souvent.
Mathurin qui est le dernier né, ne connaîtra pas son père qui meurt à son tour en 1675 à l'âge de 55ans environ.
La mort de Guillaume, le père, apparaît brutale et inattendue alors qu'une nouvelle naissance s'annonce.



Pourquoi, cet homme qui paraît vigoureux et estimé de son entourage meurt-il le 30 septembre 1675 ?

Cette famille au destin quelque peu malheureux présente des atouts. 
Guillaume est marchand «de sa vocation» autrement dit doté des qualités et du talent de sa profession.Cette expression qui apparaît officiellement dans les actes civils renvoyait à une catégorie particulière de tisserands, celui qui achetaient le lin et le chanvre pour vendre leur production, alors que les autres travaillaient « à façon ». et fabriquait la matière première (le laboureur- tisserand)
Il épouse Janne Salmon, de bonne famille, fille d'un trésorier de Maxent, elle a reçu une certaine instruction puisque l'on trouve sa signature dans un acte de baptême, fait suffisamment rarissime à cette époque pour être signalé.
Guillaume et Janne se sont choisis hors du cercle local étroit du village d'appartenance.
La paroisse de Maxent située à quelques kilomètres de Plélan-le-Grand n'est jamais mentionnée auparavant dans les actes de la cohorte Cotto.
Guillaume rencontre Janne au cours de ses transactions à Maxent, où exerce le père de Janne en tant que trésorier. Ils tombent amoureux, se marient et viennent s'installer à Plélan-le-Grand, d'abord à la Jossetaye et très vite au Trécouët.
Leur premier enfant est une fille appelée Jeanne comme sa mère , elle naît le 14 avril 1655.
Les efforts du couple sont concentrés sur leur établissement, Guillaume se déplace beaucoup pour développer son activité commerciale.
Les enfants naissent à un rythme soutenu , presque tous les 2 ans de 1676 à 1667,.
En 1670 meurent Pierre (11ans) Jan (3ans) Jean (5jours) , épidémie ? très certainement, mais peut-être aussi la noyade pour les plus grands.
La disparition des trois garçons est vécue très douloureusement par Guillaume et Janne.
Leur douleur personnelle auxquels s'ajoutent les difficultés économiques vont conduire le couple à la révolte.
La révolte du Papier Timbré a débutée le 3 avril 1675 en Bretagne et le 18 avril à Rennes.
En 1675 Guillaume qui a de nombreux contacts dans les communes environnantes et à Rennes est très tôt averti des demandes légitimes des Rennais, il va s'investir à son tour localement, soutenu par son épouse.
Guillaume , marchand en vue informé parmi les premiers et directement concerné, participe à l’organisation des milices locales.Janne soutient activement son époux. Il se rend à Rennes pour défendre les droits de sa profession et de sa communauté.
Le bureau du papier timbré est mis à sac le 19 juillet à Rennes une dernière fois, ce qui entraîne des morts et des blessés.
Guillaume reçoit une mauvaise blessure mais parvient à rentrer à Plélan-le-Grand, où il va mourir le 30 septembre 1675, Janne mettra au monde leur dernier fils Mathurin 8 mois après son décès.
Il sera enterré en haut de l'église de Plélan-le-grand, ce qui signe son appartenance aux notables locaux, et.... la reconnaissance de ses pairs.
Cet épisode est imaginé mais pas impossible.


Janne, une femme forte, représentative du statut de la femme bretonne.
Famille reconnue, Janne bénéficie d’épithètes tels que honnête, honorable, dame etc ...qui soulignent la position sociale.
Janne aura ses 3 derniers enfants très tardivement entre 43 et 49 ans, ce qui explique sans doute leur faible résistance aux épidémies.
Malgré ses grossesses répétées, on la retrouve à 61ans au mariage de son fils Raoul en bonne forme elle va vivre de nombreuses années après la mort de son époux.
On peut imaginer que cette femme avait un fort caractère et savait conduire ses affaires familiales, notamment pour défendre ses acquis et établir ses enfants. Elle participe à la promotion de son époux en répondant aux sollicitations de son environnement,marraine
d'enfants de plusieurs famille de Plélan , y compris quand ils sont illégitimes.
En 1688, Raoul, le second des fils , semble avoir eu un grand mariage si on en juge par le nombre des présents appartenant aux familles alliées.
En revanche le mariage du dernier fils Mathurin en 1697 est très discret, il fait suite à la mort du père.
Ce sont des enfants chéris par leur mère qui n'a pu garder que trois fils Julien, Raoul et Mathurin et ses trois filles Janne, Anne et Thérèse.
Elle veille à leur éducation et à leur instruction, comme plus tard à celle de ses petits enfants, la plupart sont restés à Plélan-le-Grand. Raoul au Trécouët tandis que Julien part au hameau du Parissel et Anne s'installe au Trégu avec son époux.
Ses filles sont mariées jeunes avant 20 ans, tandis que les garçons dont la majorité nuptiale est fixée à 30 ans, se marient plus tard, après 25 ans, une fois établis en tant que laboureur, excepté Mathurin qui se marie à 21 ans , peu avant la mort de sa mère en 1697.
Aucun des deux premiers ne reprendra le métier de marchand. Ils seront laboureurs, 
Mathurin qui semble avoir hérité de l'entregent de ses parents, très jeune, à 17 ans il est témoin de mariage et parrain.
Il sera quelques temps laboureur, mais dès 1702, il devient marchand.
Il vit dans la maison de sa mère et s'y installe avec sa femme. Comme il est de coutume, le dernier fils héritait des possessions des parents afin de leur assurer leur vieillesse.

Janne ne connaîtra pas Joseph, fils de Mathurin qui naît en février 1698 et qui décédera en 1701 mais il sera remplacé en 1702 par un nouveau petit Joseph.
En 1702 Mathurin devient tixier « de sa profession » ( c'est-à-dire tisserand) et ensuite marchand.


Le statut de Plélan et de ses bourgs:
Les seigneurs tenaient justice au Gué (Plélan) et y entretenaient une prison, en revanche le bourg de Paimpont devient le lieu de l'investissement « industriel ». La commune de développe autour des forges , sous l'impulsion de Jacques de Farcy de Paisnel et François d'Andigné de la Chasse , qui obtiennent en 1653 le droit d'y bâtir des forges , en dérogation aux Édits Royaux qui interdisaient de nouvelles forges, au risque de déboisement massif lié au fonctionnement intensif du haut fourneau.
L’existence et le développement des Forges , entraînèrent de nombreux contentieux entre les propriétaires des forges et les paysans qui bénéficiaient de droits d'usage depuis 1467

  • « Toutes personnes qui veulent avoir leurs bestes en la dicte forest doitvent les escrire deux fois l'an aux officiers de la forest, vendeur ou couterelle et s'en lievent les deniers a tïeux termes de l'an » (Brecilien).
  • « Tout homme qui doibt prandre genetes et joncs en la forets le peult fire en se inscripvant aux diets officiers a chacun des trois paiements de ventes de bois »
  • « Les usagers de Loheac, se ilz sont trouvés explectant о quartier de Haulte Forest, ne aultres endroits que leurs diets ussaiges et s'ils ne soient es escripts de la forest, peuvent estre pris a renezon, ainsi que les aultres non escriptz »

Tixier ou Tessier est la personne qui fabrique les tissues de laine, de lin, de chanvre



  • Les forges de Paimpont

En 1653, Les forges sont vendues à Jacques de Farcy et à François d'Andigné après leur acquisition d'un fief de Brécilien. Le site industriel comprend un haut-founeau et une affinerie de minerai en contrebas de la digue de l'étang fournissant l'énergie hydraulique nécessaire à la fabrication d'ustensiles agricoles et domestiques en fonte et en fer (tôles, marmites, poêles, clous, plaques de cheminées...). Le charbon de bois est obtenu dans la forêt proche auprès des nombreux charbonniers travaillant pour les forges.
Grâce au développement de certains progrès techniques la production augmente. Elle est alors de 500 tonnes de fonte et 360 tonnes de fer. Cette prospérité est due aux commandes pour la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique.
Le site, outre la constructions de laminoirs à tôle s'enrichit de la construction du logis du Maître de forges et des habitations ouvrières. En 1796, près de 230 personnes y travaillent : jusqu'à 100 ouvriers sur place (métallurgistes, charretiers et ouvriers) et jusqu'à 130 en forêt ( bûcherons et charbonniers, mineurs, gardes forestiers).
L'affinerie des forges de Paimpont servira de modèle pour illustration dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.



  • Quand nous marions-nous? demande Julien à Anne
Pas un dimanche c'est le jour du seigneur, ni vendredi, jour du jeûne , répond Anne
Nous nous marierons donc un jeudi du mois de novembre, quand toutes les récoles seront terminées décide Julien 

Julien et Anne se marie le jeudi 24 novembre 1682 à Plélan-le-Grand

C'est un beau et grand mariage qui réunit toutes les familles et les voisins.
Tous ont suivis les futurs épousés jusqu'à l'église où les accueille le curé , il a revêtu une belle aube blanche et couvert ses épaules d'une étole de la même couleur, il est accompagné de son clerc.
Il prend la parole sur le parvis de l'église :
« Bonnes gens , nous sommes ici rassemblés pour parfaire le mariage de Julien Cotto et d'Anne Tournelier
Nous avons proclamé en notre sainte église trois bans par trois jour différents. Que s'il y a aucun ou aucune qui sache empêchement par quoi l'un ne puisse avoir l'autre en loi de mariage,le dise sous peine d'excommuniement Le prêtre fait une pause en parcourant l'assistance du regard.
«
Puisqu'il n'y a aucun empêchement, nous prierons tous et supplierons la bonté et majesté de Dieu qu'il Lui plaise de ratifier et avoir pour agréable le saint propos par Lui donné à ces deux futurs époux. »
Tous sont alors priés de rentrer dans l'église
Le prêtre se tourne alors vers le marié et lui demande :
« Quel est ton nom ? »
« On me connaît sous le nom de Julien Cotto. »
Et de même à la mariée qui répond :
« On me connaît sous le nom d'Anne Tournelier»
Le prêtre enchaîne.
« Anne acceptes-tu de prendre librement pour époux Julien?
« Oui. »
«Julien veux-tu vraiment Anne pour épouse ? »
« Oui. »
Alors le prêtre tend les mains vers les époux et leur prend la main droite. Il place la main de Julien dans la main de Anne en disant :
«Anne je te remet Julien comme époux pour que tu le gardes, sain ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? »
« Oui je l'accepte. »
Puis inversant le geste et plaçant la main d'Anne dans celle de Julien, le prêtre dit :
«Julien je te remet Anne comme épouse pour que tu la gardes, saine ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Église. L'acceptes-tu ainsi ? » :
« Oui je l'accepte.
»
À ce moment le prêtre entoure les mains droites jointes des époux de l'extrémité de son étole en prononçant la formule suivante :
« Puisque vous avez donné pareil consentement à votre union, donnez-vous l'un à l'autre la foi que vous devez à Dieu et à la sainte Église. Gardez-vous mutuellement dans la parfaite fidélité et l'aide mutuelle, selon la règle et le dévouement du mariage. »
Le prêtre retire son étole et les mains se séparent. Il fait signe au clerc qui l'assiste d'apporter l'anneau et il le bénit.
« Créateur et conservateur du genre humain, Toi qui donne la grâce spirituelle et qui fais largesse de la vie éternelle, daigne envoyer ta bénédiction céleste sur cet anneau , œuvre d'un artisan, ta créature ; afin qu'en le portant, l'épouse soit munie de la protection céleste, qu'elle fuie les tentations du démon, qu'elle garde fidélité à son mari, qu'elle instruise ses enfants dans la piété, qu'elle trouve grâce auprès de tous et que par une conduite bonne sainte elle parvienne au salut éternel. »
Après la bénédiction, Anne et Julien s'échange les anneaux,

Les mariés et tout le cortège sortent de l'église, Anne se sauve en pleurant , Julien lui courre après avec toute la famille et les joueurs de cornemuse et force sa femme à entrer dans la maison conjugale. Ainsi le veut la coutume du rapt en Bretagne.
Un grand repas réunit famille et amis, on mange, on boit et on danse longtemps, jusqu'à la tombée de la nuit.
Les mariés sont alors accompagnés jusqu'au seuil de la chambre qui leur est réservée pour leur nuit de noces.
Le lendemain, les amis viennent s'assurer que tout s'est bien passé, et pour prolonger un peu la fête.
Voilà comment a pu se passer le mariage de Julien et Anne à cette époque

  • Petit Pierre va à l'école 
Un beau matin de l'hiver 1751
Petit Pierre a six ans, il va faire la connaissance de son ''régent'' (nom donné à l'instituteur) à Plélan. 
La journée d'école commence à 8h par une courte prière, que les enfants devront connaître par cœur. Ensuite, le régent présente aux enfants les cartons où sont écrites les lettres de l'alphabet, qu'ils répètent ensemble et ensuite les uns après les autres.
Son apprentissage de l'alphabet va continuer pendant un mois, le mois suivant Petit Pierre apprendra les syllabes, pour cela Petit Pierre reçoit un Syllabaire qui sera étudié pendant un mois le troisième mois Petit Pierre ira dans le groupe des Lecteurs il devra savoir lire des mots dans des livres de prières et des commandements de Dieu.
Un silence complet règne dans la classe, les élèves ne s'expriment que lorsqu’ils sont interrogés, le régent parle à voix basse et utilise un petit instrument de bois (le signal) qu'il frappe sur sa table une fois pour commencer la lecture, il frappe 2 fois si l'élève s 'est trompé, il frappera jusqu'à ce que l'écolier ait bien dit le mot. 


  •  Du soin que le maître doit avoir de faire garder un très grand silence dans l'école
"Le silence est un des principaux moyens d’établir et de maintenir l’ordre dans les écoles : c'est pourquoi, chacun des maîtres fera observer exactement le silence dans sa classe, ne souffrant pas qu’aucun parle sans permission.
Pour cet effet, le maître fera concevoir aux écoliers qu’ils doivent garder le silence, non parce qu’il est présent, mais parce que Dieu les voit et que c’est sa sainte volonté."
On aura égard que les écoliers soient placés de telles manière que les maîtres les toujours avoir en vue. Le maître veillera particulièrement sur soi-même pouer ne parler que très rarement et fort bas, si ce n'est qu'il soit nécessaire que tous les écoliers entendent ce qu'il aura à dire.

La classe se termine à 11h30 après une prière, elle reprendra l'après-midi pendant 2h30 et se terminera par une petite messe, qui est l'occasion de dire les prières apprises.
L'école se prolonge au printemps, mais les absences sont fréquentes car les travaux des champs reviennent et les enfants doivent assurer divers travaux, dont le gardiennage des vaches. En été ce sont les moissons qui mobilisent toute la famille.
Petit Pierre retournera à l'école à l'automne de l'année suivante et si il sait bien lire il pourra apprendre à écrire à 7 ans, qui est l'âge de raison.
Mais seuls quelques écoliers étaient admis au rang supérieur des ''écrivains '' et des ''chiffreurs '' (apprentissage de l'arithmétique) car l’Église considérait que l'écriture, la grammaire et l'arithmétique étaient inutiles au salut du chrétien, seuls ceux qui sont vocation à s'élever socialement peuvent en bénéficier, autrement dit les fils de notables, de bourgeois et de gros laboureurs. Les filles n'en parlons pas !!


Le curé inspectait la classe tous les 15 jours, les absences étaient relevées et la morale très surveillée. Les jeux entre filles et garçons étaient strictement interdits. Les « mauvais livres » qui étaient imprimés en Hollande, et qui circulaient sous le manteau étaient très surveillés.
A la fin de sa scolarité, arrivé à 14 ans à l'âge de sa Communion, Petit Pierre connaissait par cœur toutes ses prières, pour adorer Dieu du lever au coucher du soleil. Il savait sanctifier un repas en récitant le bénédicité et les grâces, dire son chapelet pendant la messe....bref il maîtrisait toute la liturgie de base en lisant dans son missel.
Cet apprentissage terminé, Petit Pierre est un jeune adulte.
Mais le contrôle social et religieux ne se relâche pas, au contraire.
Les jeunes gens et jeunes filles étaient étroitement surveillés, par le père , le curé, la famille : le jeune adulte, qu'il soit garçon ou fille, devait rester chaste jusqu'à sa majorité nuptiale.
Cette prescription avait un but de contraception, afin de limiter les naissances, bien sûr il y avait des entorses,mais elles étaient relativement rares,pour la grande majorité,les mariages des garçons sont tardifs.
La "promesse de mariage" était un engagement ferme à épouser celle avec laquelle on avait eu des libertés amoureuses avant le mariage.Le mariage avait lieu dans les plus bref délais, avant la naissance de l'enfant. En cas de non respect de cet engagement annoncé par le curé,un procès était engagé par le jeune fille.
Les charges familiales devaient être limitées, les fils célibataires travaillaient pour le père, les filles étaient placées dans des familles plus aisées dès 10/12ans.Un mariage pouvait être une nouvelle charge.


Petit Pierre a respecté les prescriptions sociales. Il a 37 ans quand il épouse Jeanne qui à 30 ans et ils n'auront que 4 enfants.